mardi 11 décembre 2007

Privatisation du combinat d’aluminium de Podgorica : pacte de corruption entre Glencore et BNP-Paribas ? (courrier des Balkans)

La privatisation du Combinat d’aluminium de Podgorica (KAP), qui représente à lui seul près de la moitié de l’économie monténégrine, s’engage dans des conditions très douteuses. Principaux acteurs du feuilleton : le géant suisse de l’acier Glencore, qui gère déjà le combinat, et la BNP-Paribas, qui est par ailleurs le conseiller financier du gouvernement de Podgorica.

http://balkans.courriers.info/sujet.php3?id_mot=162

La galaxie Glencore : Les flibustiers du management (L'Express du 27/03/2003)

Soupçonné de lâcher sa filiale Metaleurop, traité de «voyou» par le gouvernement français, le groupe suisse de négoce n'a cessé de prospérer, malgré les controverses. Enquête sur une galaxie opaque, aux méthodes abruptes
La lettre, signée de Russ Robinson, PDG de Metaleurop, coté à la Bourse de Paris, a été envoyée aux actionnaires fin décembre 2002. Cet Américain, bombardé quelques mois auparavant à la tête de ce groupe industriel français de transformation de métaux, leur promettait pour 2003 de «créer de la valeur» avec un «bilan solide» et un «retour à la rentabilité»! Quelques jours après ces vœux rassurants, le 16 janvier 2003, Metaleurop annonçait brutalement qu'il n'avait plus les moyens de soutenir sa principale filiale, Metaleurop Nord. Un aveu de faiblesse et un arrêt de mort pour les fonderies de plomb et de zinc de Noyelles-Godault, dans le Pas-de-Calais.
Les cris de colère des 830 salariés, lâchés par leur maison mère, et les dénonciations outragées du gouvernement, choqué par les méthodes de «voyou» de l'actionnaire principal (33%) de Metaleurop, le géant suisse du négoce Glencore, spécialiste des jongleries financières, n'y ont rien changé. Le 10 mars, dans l'enceinte du tribunal de commerce de Béthune, les femmes des ouvriers, venues en délégation, ont accueilli dans un silence ému la sentence: faute de repreneurs, l'usine de Noyelles-Godault sera fermée. Les derniers fours se sont éteints, symbole d'un siècle de travail des métaux, laissant autour d'eux des terrains pollués, des ouvriers anéantis, des familles malades et une région désolée.
Ultime bagarre: le comité d'entreprise tente d'arracher un plan social minimal et les administrateurs de Noyelles-Godault espèrent que le tribunal étendra rapidement la procédure de liquidation judiciaire à l'ensemble du groupe Metaleurop. «Comme Metaleurop Nord était pieds et poings liés à sa maison mère, il est normal de se tourner vers elle pour tenter de récupérer quelque chose. C'est trop facile de lâcher une filiale sans assumer son passif», lâche l'un des avocats des administrateurs.
Soucieux de dissuader d'autres pollueurs et craignant de devoir assumer les quelque 120 à 150 millions d'euros nécessaires au démantèlement de l'usine et à la décontamination des sols, le gouvernement a demandé, pour l'instant sans succès, au tribunal de grande instance de Paris la nomination d'un expert sur les mouvements de fonds entre la maison mère et sa filiale. «Nous utiliserons toutes les voies de recours, même si c'est difficile», dit-on au ministère de l'Ecologie et du Développement durable, conseillé par le cabinet Thieffry.
«Il n'y avait aucune fatalité à la débâcle»
Malheureusement, le groupe Metaleurop, en pleine négociation avec ses banquiers inquiets, avait déjà prévenu les marchés financiers qu'il risquait d'avoir lui-même des problèmes de trésorerie fin mars, malgré la récente cession d'une filiale rentable... Avec l'ardoise supplémentaire liée à la fermeture de Noyelles-Godault, un millier de salariés d'autres sites industriels contaminés sont menacés, comme à l'Estaque (Bouches-du-Rhône), Saint-Sébastien-d'Aigrefeuille (Gard), Avène (Hérault), Auby et Aubencheul-au-Bac (Nord), Arnas (Rhône) ou dans la vallée du Lavedan (Hautes-Pyrénées). «Les dégâts sociaux et environnementaux, considérables, risquent d'être à la charge des pouvoirs publics, tandis que les vrais responsables resteront impunis», dénonce Jacky Bonnemain, de l'association écologiste Robin des bois.
Certains salariés veulent aller manifester leur colère à Zoug, siège suisse de Glencore. Des créanciers, des petits porteurs et le gouvernement espèrent mettre en cause juridiquement cet actionnaire principal. Sans grande illusion: «Ces gens-là sont riches, puissants, presque intouchables», confie un avocat. Le groupe suisse a d'ailleurs logé ses titres de Metaleurop dans une société offshore, Glencore Finance Bermuda... Installés dans le canton le plus fiscalement clément de Suisse, à l'abri d'une coopération judiciaire transfrontalière délicate en matière commerciale, les dirigeants de Glencore n'ont, pour le moment, pas levé le petit doigt pour aider Metaleurop. Conseillé par les avocats parisiens du cabinet Bredin-Prat et les consultants en communication d'Euro RSCG, le président du groupe suisse, l'Allemand Willy Strothotte, refuse toute déclaration officielle, tout en bétonnant sa position: à ses yeux, les marchés sont déprimés, les surcapacités de production flagrantes, Metaleurop Nord accusait des pertes grandissantes qui menaçaient le groupe, les banques ont exigé des remboursements rapides de dettes, ce qui a précipité la chute. Conclusion: Glencore déplore la situation mais n'est en rien responsable des dégâts.
Un endettement de 125 millions d'euros
Cette argumentation est contestée par ceux qui ont vécu ce drame industriel de près. «Fin 2002, Metaleurop affirmait au ministère de l'Economie qu'il était sur la voie du redressement. La décision brutale du 16 janvier soulève quand même de sérieuses questions sur le jeu de Glencore», confie un expert gouvernemental. Le groupe helvétique est entré en 1995 à 33% dans le tour de table de Metaleurop. Premier négociant mondial de métaux, de charbon et d'aluminium, il a multiplié les prises de participation dans les unités de production aux quatre coins du monde. Pour le zinc, Glencore a ainsi un pied en France et en Allemagne avec Metaleurop, une filiale en Italie (Porto Vesme), des intérêts au Kazakhstan (Kazzinc), au Pérou et chez le sud-africain Xstrata... Objectif: maîtriser les coûts, jouer sur les marges, sécuriser ses approvisionnements.
Au siège parisien de Metaleurop, Glencore s'est d'abord fait discret. «A l'exception de quelques escarmouches avec leurs affidés, nos relations étaient presque normales, raconte un ancien dirigeant. Ils nous livraient ou nous achetaient des produits aux prix mondiaux.» Vice-président du conseil de surveillance, Willy Strothotte - «une grosse pointure, qui sait être charmant» - fait patte de velours. Pourtant, à partir de la fin 2000, Bertrand Durrande, PDG de Metaleurop, commence à se heurter à son principal actionnaire sur un sujet essentiel: la reconversion du groupe en simple unité de transformation à bas coûts pour Glencore.
Le PDG refuse cette option, craignant que Metaleurop ne devienne alors totalement prisonnier d'un seul de ses actionnaires. La tension monte. Confronté à un cours du zinc qui s'érode et à un endettement de 125 millions d'euros, Metaleurop, sans être à l'agonie, traverse une passe délicate. «Mais comme nous avions convaincu Glencore de la nécessité de moderniser la ligne de production de plomb de Noyelles-Godault, avec 17 millions d'euros investis en 2001, nous n'avions aucune raison de nous inquiéter outre mesure», se souvient un cadre maison. Pour se désendetter, le PDG propose même la cession de l'activité de recyclage des poussières d'aciéries. Refus de Strothotte, qui estime le projet trop flou!
Finalement, l'actionnaire principal finit par obtenir la tête de Durrande, qui quitte la société en juin 2002, remplacé par un Américain choisi par Glencore, Russ Robinson. Les changements se font vite sentir. «Une fois Durrande écarté, Glencore avait les mains libres», estime un dirigeant. Nommé en juillet à la direction de l'établissement de Noyelles-Godault, l'ingénieur Christian Thomas, qui planche alors sur un projet ambitieux de reconversion de la filière zinc, est brutalement écarté de ses fonctions, au profit de Gilbert-Alain Ferrer, un cadre venu des achats. Ce dernier n'a plus guère voix au chapitre. Les stocks de l'usine font l'objet de ventes précipitées. Glencore, promettant une aide temporaire de 25 millions d'euros, prend en gage les actions du holding coiffant les filiales allemandes de Metaleurop. Deux administrateurs démissionnent.
«C'est du dépeçage cynique»
Surtout, le groupe Metaleurop annonce la cession inopinée de l'usine d'électrolyse de zinc de Nordenham, en Allemagne, présentée naguère comme un des fleurons stratégiques du groupe! Curieusement, c'est la société Xstrata, elle-même contrôlée à 40% par Glencore, qui rachète ce bijou, pour 100 millions de dollars. Le prix a été certifié «équitable» par la banque Lazard, mais plusieurs analystes financiers estiment qu'il est particulièrement bas. «Même si les cours du zinc, très déprimés, justifiaient une décote, au moins Metaleurop aurait-il dû imposer une clause de révision du prix en cas de remontée des cours», explique un expert. Tel n'a pas été le cas.
Glencore affirme n'être pas intervenu dans cette négociation, ni dans les délibérations du conseil de Metaleurop approuvant cette cession. Mais nombre d'observateurs s'interrogent sur une coïncidence: la conclusion de la vente par Metaleurop de son usine allemande à Xstrata à prix contesté a précédé de quelques jours l'abandon de Metaleurop Nord. Explication officielle: contraint de se désendetter rapidement, Metaleurop a dû vendre Nordenham, mais cela n'a pas suffi à sauver l'usine de Noyelles-Godault, qui devenait un gouffre. Une thèse qui fait grincer certains anciens dirigeants: «Réuni, l'ensemble était cohérent et viable. Il n'y avait aucune fatalité à la débâcle. Mais Glencore a réussi a extraire la perle du groupe. Du coup, le reste de Metaleurop devenait un poids mort. C'est du dépeçage cynique.»
Marc Rich, le «fugitif»
Sauvetage raté ou pillage organisé? Le débat aura sans doute des suites judiciaires. Estimant que cette cession de Nordenham s'effectuait dans des conditions désavantageuses pour Metaleurop, un administrateur indépendant, Christian Castel, représentant les petits porteurs, s'y est vivement opposé, avant de démissionner de son mandat, fin janvier. Egalement dubitatifs, les commissaires aux comptes ont alerté le parquet de Paris, qui a ouvert, début février, une information judiciaire contre X, pour abus de biens sociaux et recel. Confiée au juge Armand Riberolles, l'enquête a déjà conduit à des perquisitions, notamment au siège de Metaleurop. Mezza voce, les dirigeants de Glencore affirment qu'ils n'ont rien à se reprocher et qu'ils coopéreront avec la justice. «Mais avant de réussir à exécuter des commissions rogatoires à Zoug, beaucoup d'eau aura coulé sous les ponts», déplore un syndicaliste.
L'affaire Metaleurop affectera-t-elle réellement la galaxie Glencore? Rien n'est moins sûr, tant le groupe de Willy Strothotte, qui brasse 44 milliards de dollars de chiffre d'affaires chaque année - ce qui le place au deuxième rang des groupes suisses, derrière Nestlé - paraît inoxydable. Les scandales entourant ses fondateurs et ses méthodes parfois abruptes ne l'ont pas empêché de prospérer sur les bords du lac de Zoug depuis près de trente ans. Selon une récente confidence de Willy Strothotte au Financial Times, la rentabilité est toujours de plus de 10% par an...
A ses débuts, en 1974, Glencore s'appelait Richco. Cette société de négoce a été créée par Marc Rich, un Américain natif d'Anvers, considéré comme un trader de génie du marché du pétrole. Accusé par le gouvernement américain d'avoir commercé illégalement avec l'Iran des ayatollahs durant la crise des otages, Marc Rich fuit New York en 1983 et installe son QG à Zoug, ce canton de Suisse d'où il ne sera pas extradé... Risquant 325 années de prison s'il est arrêté, Marc Rich voyage discrètement et se repose tous les étés dans sa villa de Marbella, en Espagne. Cette vie de milliardaire fugitif ne l'empêche pas d'étendre son empire, y compris aux Etats-Unis, brassant des cargaisons de toute nature: blé européen, riz vietnamien, aluminium russe, pétrole nigérian, cuivre chilien, charbon chinois. Les traders de Rich ont toujours une contrepartie à offrir, un contact, un financement. «Depuis leurs débuts, ce sont des professionnels avertis, avec un carnet d'adresses mondial et une connaissance très pointue de chaque filière industrielle», admet l'économiste Philippe Chalmin, coauteur de Cyclope, un rapport annuel de référence sur les matières premières.
Mais la mentalité opportuniste des traders n'est pas toujours celle des industriels. Traité de «saltimbanque» par Jean Gandois, alors PDG de Pechiney, Rich se voit refuser par le gouvernement de Michel Rocard la reprise de l'usine d'aluminium de Noguères. En 1988, Rich investit quand même dans l'Hexagone, prenant 50% de l'unité de traitement des rejets de flottation de la mine d'or de Salsigne (Aude), un des sites industriels les plus pollués de France. L'usine tourne quelque temps. Après le dépôt de bilan de la mine en 1991, Marc Rich prend la poudre d'escampette, recédant ses parts à d'autres investisseurs. «Il a tout fait pour limiter ses engagements financiers dans la débâcle», se souvient François Derclaye, ancien président de la Société des mines et produits chimiques de Salsigne.
L'un de ses traders s'achète une île aux Bahamas pour s'y retirer
L'équipe de Rich jongle avec les affaires et s'enrichit. L'un de ses traders, John Trafford, s'achète une île aux Bahamas pour s'y retirer. D'autres, comme les Français Claude Dauphin et Eric de Turkheim, vont fonder leur propre société de négoce, Trafigura, très active dans le pétrole. Un autre de ses associés, le Corrézien Patrick Maugein, polytechnicien proche de Jacques Chirac, se lancera de son côté dans des opérations plus sulfureuses
Bras droit de Rich, spécialiste de l'aluminium, Willy Strothotte, lui, reste aux manettes. Indirectement, il a pris des parts dans une usine d'aluminium située à Ravenswood (Virginie-Occidentale) dans le sud-est des Etats-Unis. En novembre 1990, après un conflit social, les managers licencient 1 700 ouvriers syndiqués sur les 1 900 salariés de l'établissement. Les syndicats américains exigent leur réintégration. Le bras de fer s'éternise. Des manifestations syndicales sont organisées partout dans le monde, dénonçant Strothotte, la pieuvre Richco et le «fugitif» Marc Rich.
Cargaisons coulées
Jugeant les méthodes de son collaborateur un peu raides, Rich, qui cherche à négocier parallèlement son amnistie personnelle à Washington, tente d'éteindre l'incendie. Mi-1992, les ouvriers sont réembauchés, les dirigeants remplacés. Strothotte quitte le groupe quelques mois, avant de revenir, une fois l'orage passé. Aujourd'hui, Glencore, actionnaire de Ravenswood, avance que le climat social y est exemplaire...
Entre le fondateur et son bras droit, les désaccords s'accumulent. Le divorce est inéluctable. Marc Rich revend ses parts en 1994 et crée une nouvelle société de négoce indépendante, qu'il tentera, en vain, début 2001, de céder au conglomérat russe Alfa, futur propriétaire de la cargaison maudite du Prestige... En janvier 2001, Marc Rich, toujours recherché par les autorités américaines, obtiendra un pardon pour ses délits, signé de la main du président Clinton, dans des conditions controversées.
Dès 1994, Strothotte et ses lieutenants ont, quant à eux, rebaptisé leur maison Glencore. Son siège est situé à Baar, dans la banlieue de Zoug. Son actionnariat et ses bilans restent confidentiels. Sa stratégie demeure inchangée, mêlant le trading de matières premières dans plus de 50 pays et des intérêts industriels diversifiés dans les métaux. Ce qui ne va pas sans créer parfois quelques frictions. Ainsi, au Monténégro, le combinat d'aluminium de Podgorica (KAP), principale usine du pays, confie en octobre 1998 le management de son usine à Glencore. En contrepartie, ce dernier s'engage, selon Les Echos, à un investissement de 20 millions de dollars et garantit l'achat de la production à un cours inférieur aux cours mondiaux
L'affaire fait grand bruit, car le deal bénéficie de l'appui d'un homme d'affaires proche du président monténégrin, Djukanovic. De plus, le principal négociateur du gouvernement est ensuite embauché comme directeur général de KAP! Après les bombardements de 1999 sur la Serbie, les officiels européens et américains, soucieux d'aider économiquement le Monténégro, doivent faire pression sur le groupe suisse afin qu'il révise son contrat, jugé léonin, avec KAP. Glencore se défend aujourd'hui de sous-payer l'aluminium et met en avant son aide à la rénovation de l'usine.
Un autre bras de fer se déroule ensuite en Géorgie. En décembre 2000, le conseil consultatif du ministère de l'Economie critique violemment les dirigeants de la société privatisée JSC Madneuli (traitement du minerai de cuivre, d'or, et d'argent), notamment pour leur alliance avec Glencore, lequel n'aurait pas respecté ses engagements financiers. Selon ces experts, le but de ce partenariat, noué en 1998, consistait à pousser la société géorgienne à la faillite et à récupérer son minerai d'or à bas prix... Glencore a, là aussi, plaidé sa bonne foi, en proposant de nouveaux investissements.
Mais signer un contrat avec ce groupe n'est pas forcément de tout repos. Michel Jehan, un chef d'entreprise installé à Rezier (Haute-Savoie), en sait quelque chose. Ancien cadre de Pechiney, cet ingénieur a créé en 1996 sa propre entreprise, MCP Technologies, spécialisée dans le traitement du magnésium. Non sans assurances: il avait en poche un contrat d'exclusivité de huit ans avec une société luxembourgeoise de trading, International Metals, filiale du groupe minier sud-africain SA des Minerais. «Ils me fournissaient le magnésium et me prenaient le produit transformé. Je me pensais protégé», raconte Michel Jehan. En 1998, Glencore met la main sur la SA des Minerais. La filiale luxembourgeoise de négoce, qui ne l'intéresse guère, va être mise en veilleuse. «On m'a d'abord dit qu'on me fournirait moins de produits, en me conseillant de licencier la moitié de mon personnel. Puis, au milieu de l'année 1999, ils ont cessé de payer mes factures.» Exsangue, MCP Technologies cherche des appuis extérieurs et fait saisir, à titre conservatoire, un stock de magnésium avant de recourir à l'arbitrage prévu contractuellement, s'estimant sûr de ses créances.
Las! en mars 2001, l'arbitre unique déboute la PME, qui doit même verser 1,3 million d'euros de dommages à International Metals, notamment pour rupture de contrat et livraison défectueuse. «N'ayant aucun recours, j'ai dû déposer le bilan en septembre 2002 et trouver d'autres soutiens pour redémarrer mon activité», explique Michel Jehan, qui a le sentiment de s'être fait piéger. Coïncidence: la marchandise litigieuse reçue par Glencore a disparu, fin 1999, dans l'incendie d'un grand entrepôt près de Liège, en Belgique...
Glencore n'a décidément pas de chance avec certains de ses produits. Le 17 février 2000, à 11 heures du matin, Torben Matz, capitaine du cargo danois Thor Emilie, se rafraîchit dans la salle de bains de sa cabine, lorsqu'une gigantesque explosion secoue le navire, qui fait route en Méditerranée. Selon son témoignage, le capitaine, projeté contre la porte, a juste le temps de se traîner jusqu'à un canot de sauvetage et de sauter par-dessus bord. En moins d'une minute, le Thor Emilie coule à pic, par 2 800 mètres de fond, à une centaine de kilomètres des côtes algériennes, avec son chargement de 2 000 tonnes de dérivés de zinc. Six membres de l'équipage sont portés disparus. Seul rescapé, Torben Matz est recueilli dix heures plus tard par un navire maltais. On ne retrouvera aucune trace du Thor Emilie.
Pétrole irakien
Les experts de l'Organisation maritime internationale (OMI) sont chargés de mener l'enquête sur ce naufrage peu banal. Leur rapport, établi en juin 2002, est accablant: contrairement à ce qu'avait annoncé le propriétaire de la marchandise embarquée, en l'occurrence Glencore, à l'exploitant du bateau, la cargaison n'était pas de l'oxyde de zinc, mais des écumages de zinc, dont le contact avec l'eau pouvait être particulièrement explosif! «Le capitaine n'a pas été informé, avant et après son départ de Dunkerque, de manière correcte, des caractéristiques de la cargaison ni de sa nature dangereuse», écrivent les enquêteurs. Sur la sellette, Glencore s'est retourné contre Metaleurop, puisque la marchandise provenait de l'usine de Noyelles-Godault...
L'affaire du Thor Emilie est loin d'être close: le 14 février dernier, le journal des Lloyds a révélé que le syndicat des marins danois (Dana) a décidé d'engager des poursuites contre Glencore, au nom du capitaine rescapé. Réponse officielle du groupe suisse au Lloyd's List: «Les circonstances entourant ces pertes sont inhabituelles et les enquêtes sont en cours. Nous ne pouvons faire d'autres commentaires.» Interrogé par L'Express, un porte-parole de Dana confirme ses intentions judiciaires: «A nos yeux, Glencore est le principal responsable.» Les familles des autres victimes pourraient emboîter le pas. De plus, les autorités maritimes danoises auraient transmis le dossier en Suisse et en France pour d'éventuelles poursuites.
Glencore a également eu des soucis, heureusement moins tragiques, avec d'autres navires. En février 2001, les Nations unies ont suspecté le groupe helvétique d'avoir détourné une cargaison de pétrole irakien destiné aux Etats-Unis vers la Croatie, en violation du programme onusien «Pétrole contre nourriture». Pour le groupe suisse, il s'agissait d'un simple malentendu sur la notion du transbordement. Mais, grâce aux différences de prix du brut irakien selon les destinations, Glencore a encaissé un profit de 3 millions de dollars dans cette opération! Craignant d'être banni d'un commerce juteux, Glencore a finalement décidé de rembourser l'argent contesté à l'ONU... Précision utile: son concurrent Trafigura, dirigé par d'autres anciens traders de Marc Rich, s'est fait aussi prendre la main dans le sac d'une vaste contrebande de brut irakien en 2001. Habitué des hautes mers, Glencore n'est pas seul à naviguer parfois en eaux troubles...

http://www.fsa.ulaval.ca/personnel/VernaG/EH/F/ethique/lectures/galaxie_Glencore.htm

Glencore (Wikipedia)

Controversial involvements
According to an Australian public radio report, "Glencore's history reads like a spy novel".[3] The company was founded as Marc Rich & Co. AG in 1974 by billionaire commodity trader Marc Rich, who was charged with tax evasion and illegal business dealings with Iran in the U.S., but pardoned by President Bill Clinton in 2001. In 1993 and 1994, Rich sold all of his majority share in Marc Rich & Co. AG back to the company.[4] The enterprise, renamed Glencore, is now owned and run by his former associates, including former Glencore CEO Willy Strothotte and present CEO Ivan Glasenberg.

Dealings with rogue states
ABC Radio also reported that Glencore "has been accused of illegal dealings with rogue states: apartheid South Africa, Communist Russia, Iran, and Iraq under Saddam Hussein", and has a "history of busting UN embargoes to profit from corrupt or despotic regimes". [3] Specifically, Glencore was reported to have been named by the CIA to have paid USD 3,222,780 in illegal kickbacks to obtain oil in the course of the UN oil-for-food programme for Iraq. The company denied these charges, according to the CIA report quoted by ABC.[3][2]

Investments in Colombia
Moreover, Swiss public television (TSR) reported in 2006 that allegations of corruption and severe human rights violations were being raised against Glencore on account of the alleged conduct of its Colombian Cerrejón mining subsidiary. Local union president Francisco Ramirez was reported to have accused Cerrejón of forced expropriations and evacuations of entire villages in order to enable mine expansion, in complicity with Colombian authorities. According to TSR, a representative of the local Wayuu Indians also accused Colombian paramilitary and military units, including those charged with Cerrejón mining security, of forcibly driving the Wayuu off their land, in what she described as a "massacre".[5]

More: http://en.wikipedia.org/wiki/Glencore_International

Glencore Congo RDC (Bloomberg)

Bloomberg Katanga Mining Ltd. (KAT CN): The company restarting the Democratic Republic of the Congo's biggest underground copper mine said in a statement distributed by Market Wire that shareholders approved a tripling in its issued share capital to 300 million. The shares fell C$1.20, or 8.2 percent, to C$13.49.LONDON, UNITED KINGDOM-- - Katanga Mining Limited and Glencore Finance (Bermuda) Limited ("Glencore") today announce the completion of the previously announced US$150 million loan facility (see Katanga press release October 4, 2007). The loan bears interest at LIBOR plus 4% per annum payable upon maturity. During the term of the loan facility, the principal amount of the loan is convertible at any time in whole or in part at the option of Glencore into up to 9,157,509 common shares of Katanga at a price of US$16.38 per share. This would represent approximately 10.4% of the total issued and outstanding shares of Katanga, calculated on a partially diluted basis assuming the conversion in full of the principal amount of the loan facility, and based on 78,887,743 Katanga common shares being issued and outstanding. At the current time, Glencore does not beneficially own or have control or direction over any Katanga common shares. As previously announced, Katanga and Glencore have agreed to a 10 year off-take contract under which Glencore will buy 100% of Katanga's annual copper and cobalt production at market terms. The agreement provides for payment by Glencore of 90% of the expected sales value upon loading at the mine gate with the balance payable upon delivery of the metal at the discharge port.
http://www.bloomberg.com/apps/news?pid=20601082&refer=canada&sid=az4uq0gwOc3k

The Marc Rich Case: A Primer (Time.com)

What was Marc Rich's alleged crime?

In 1983, Rich was indicted in federal court of evading more than $48 million in taxes. He was also charged with 51 counts of tax fraud and with running illegal oil deals with Iran during the hostage crisis.

So does the pardon mean that if Rich leaves Switzerland (where he's been living for 17 years and seems quite happy to stay) and comes back to the U.S., that he won't face any legal proceedings at all?

Possibly. He's free of any criminal charges in connection with the case, but Rich can still be charged in civil court on, say, tax evasion charges. In fact, when Clinton finally signed off on Rich's pardon, the President stipulated that Rich waive the statute of limitations normally placed on as yet unspecified civil charges.

More:
http://www.time.com/time/nation/article/0,8599,99302,00.html

325 ans de prison (grace de Clinton)


Le roi des matières premières vit à Zoug depuis 1983. Marc Rich est né en 1934 dans une famille juive qui émigre aux USA pendant la guerre. Engagé à l'âge de 20 ans chez Philipps Brothers, une société de négoce, il fonde par la suite sa propre entreprise en 1973, Marc Rich & Co.
Il invente le spot trading, achat de pétrole à très court terme, et engrange son premier milliard de bénéfice lors du deuxième choc pétrolier, en 1979. Poursuivi par la justice américaine pour commerce avec l'Iran et évasion fiscale, Marc Rich s'exile en Suisse en 1983. Il établit son siège à Zoug, où les impôts sont les plus bas de Suisse.
Marc Rich y crée la Fondation Doron, qui soutient des institutions telles que l'Opéra de Zürich, le Festival international de Lucerne et le Club de hockey de Zoug.
L'homme d'affaires possède en effet une fortune de plus de 2 milliards de francs suisses et vit dans une maison située au bord du Lac des Quatre-Cantons, la Villa Rose, à Meggen, près de Lucerne. Marc Rich possède en outre une résidence à Marbella, en Espagne, et un chalet à Saint-Moritz, la station de ski grisonne, qui n'est qu'à quelques minutes d'hélicoptère de sa villa.
Condamné à 325 ans de prison par la justice américaine, Marc Rich est grâcié par Bill Clinton à la fin de l'année 2000. En février 2001, sa société Marc Rich & Co. fusionne avec Crown Resources, dont le siège est également à Zoug



Bolivie Interview Evo Morales (lecourrier.ch)

Vous êtes en conflit avec une transnationale suisse, Glencore, dont vous avez nationalisé la fonderie Vinto. Avez-vous un message à lui transmettre ou au peuple suisse?

Pour l'instant, nous nous refusons à mener une campagne pour dénoncer Glencore. Nous pourrions démontrer à l'opinion publique les illégalités commises, mais nous préférons miser sur le dialogue. Tout en précisant que jamais nous ne renoncerons à la nationalisation de la fonderie.

http://www.lecourrier.ch/index.php?name=NewsPaper&file=article&sid=436900&layout=article,latruite

Glencore Irak Chalabi (Jeune Afrique)

Le sulfureux Chalabi s'est illustré en 1989 par un très grandiose « siphonage » des comptes de la banque jordanienne Petra qu'il présidait, avant de fuir le pays - avec 300 millions de dollars. Il est soupçonné d'être proche de Glencore, compagnie aux pratiques jugées douteuses par l'establishment pétrolier, et accessoirement de jouer le jeu de Téhéran, du moins quand cela l'arrange. Le retour aux affaires de cet aventurier à de quoi inquiéter, et le tandem qu'il va former avec al-Uloum sera extrêmement surveillé par le premier ministre Jaafari, par l'Assemblée nationale, mais aussi par les compagnies étrangères.

More: www.jeuneafrique.com/edito.asp?art_cle=LIN07085mainbrionro0

Glencore (World Bank report)

Companies named in the Volcker Committee report (2005) include Glencore, an oil trading firm based in Switzerland, which was identified as being a leading provider of kickbacks to Saddam Hussein’s regime under the oil-for-food program, and the French bank BNP Paribas, the leading financier of Oil-for-Food deals, which the Volcker Committee accused of turning a blind eye to
the use of front companies to hide the real identity of Iraq’s partners.28 Very recently,
Total, the French oil and gas group, has been named in connection with the Oil-for-Food trading scandals.

More (large pdf): http://www.igac.net/pdf/publications_adb_manyfacesofcorruption.pdf

The Rich Boys An ultra-secretive network rules independent oil trading. Its mentor: Marc Rich (Business Week)

-- Rich has spawned the most powerful informal network of independent commodities traders on earth. He did it primarily by funding spin-offs and startups around the globe for decades, and by training scores of traders who have set up their own shops. Although Rich no longer maintains stakes in most of these outfits, he has helped create a network that, in sum, is far more formidable than his own company in the 1970s and 1980s, when it was the world's premier commodities trader.

-- The Rich Boys' often controversial activities are on the rise. They buy oil from places where corruption is extensive: Some of the Rich Boys have been named in scandals in Nigeria and Venezuela. They also sell oil from pariah states to U.S. refiners.

-- Although Rich testified in writing in March, 2005, to a House committee investigating the U.N. program that he was not in any way active in the Oil-for-Food program, documents suggest that he bought Iraqi oil in 2001 from various front companies, which BusinessWeek has identified. This took place just one month after his pardon. If so, it seems that Rich may have misled Congress. The CIA, the Senate, and others have concluded that from September, 2000, until September, 2002, buyers in the Oil-for-Food oil program had to pay illegal surcharges that Saddam used in part to buy weapons, though no documents show Rich made such payments. Some investigators believe Iraqi insurgents are now using that money.

-- One company from which Rich bought crude during this period was a front for extremist Russian and Ukrainian organizations. All were pro-Saddam; one was a staunch supporter of North Korean dictator Kim Jong Il. Another company was tied to a major money launderer for Saddam.

To reach these conclusions, BusinessWeek traced crucial connections from a number of official inquiries and documents. Key among these documents: shipping tables from the Middle East Economic Survey (MEES), the preeminent authority on tanker activity in the Middle East. These detail the ports, tankers, destinations, and buyers of Iraqi crude. Other insights came from a 2004 CIA report on Iraq, data from Switzerland's Federal Commercial Registry Office, and the many inquiries launched into Oil-for-Food. The Justice Dept., six congressional committees, a U.N. commission, Morgenthau's office, and several countries, including Switzerland, are all investigating the program. Extensive interviews with dozens of oil traders, government investigators, and energy experts around the globe helped form a clearer picture of how the network operates.

More : http://www.businessweek.com/magazine/content/05_29/b3943080.htm

U.N. names oil companies in Iraq kickback scheme (Reuters)

UNITED NATIONS (Reuters) - Oil companies, including one that employed an Iraq weapons supplier, paid hundreds of millions of dollars in illegal kickbacks to Saddam Hussein during the U.N. oil-for-food program, a U.N. report said on Thursday.
Saddam Hussein's government took in $228.8 million (128.3 million pounds) from surcharges in connection with oil contracts, the report said. That was nearly 13 percent of the $1.8 billion in surcharges Iraq received from more than 2,200 foreign companies during the oil-for-food humanitarian program of 1996 to 2003, the report charged.
Intricate webs of companies, individuals, and governments stretching from Europe to Asia took part in paying illicit surcharges to Saddam's government. Russia and France were the countries with the most companies involved in the oil-for-food program.
The bulk of the illicit oil contract payments began when Iraq began levelling surcharges at the end of 2000. The surcharges, which lasted until the end of 2002, caused Iraq's regular customers to balk, the report said.
As a result, a group of four trading companies financed and lifted more than 60 percent of Iraqi crude oil in the market from December 2000 to mid-2001, Phase IX of the oil-for-food program.
Those trading companies were U.S. and Bahamas-based Bayoil, and three Swiss companies: Taurus, Vitol, and Glencore, according to the report.

http://www.ireland.com/newspaper/breaking/2005/1027/breaking79.htm

Glencore Angola (Transparency International)

1998 was a critical year for the Angolan government. As the international oil prices fell
abruptly, the Angolan government was short of cash but desperately needed money for
weapons procurement. An easy solution to this problem for the second richest country in
oil in sub-Saharan Africa, is to engage in oil-backed loans, thereby seriously
compromising oil production for the next few years. A good example of this is the deal
made with the Swiss oil trade company Glencore in 1998, in which the government
mortgaged oil production in exchange for up-front payments adding up to approximately
$900 million. The deal did not meet basic standards of transparency indicated by the IMF,
as the loan was directed to Sonangol and the Presidency instead of the Central bank or the
Ministry of Finance. Several other loans have been concluded after this one.

More on this pdf : www.defenceagainstcorruption.org/index.php?option=com_docman&task=doc_download&gid=21

Zoug, Paradis fiscal, enfer social (TSR.ch)

Au coeur de cette caste argentée, figure l'empire Glencore. Regroupant toutes les anciennes société de Marc Rich, un goldenboy recherché par la justice américaine pour évasion et fraude fiscale, conspiration et commerce avec l'ennemi (l'Iran de Khomeny des années 80), qui avait été gracié par Bill Clinton en 2001. Aujourd'hui, Glencore est l'entreprise suisse qui pèse le plus lourd. L'an passé, elle a réalisé un chiffre d'affaire de 90 milliards de francs, plus que Novartis et même que Nestlé.Ses affaires, et donc ses bénéfices, Glencore les réalise aux quatre coins du globe, dont la Colombie. Glencore y est co-propriétaire des mines de charbon du Cerrejon, l'une des plus grandes mines à ciel ouvert du monde. Pour assurer l'agrandissement de la mine, des villages entiers ont été rasés, et leurs habitants expropriés par la force, avec la complicité des autorités et de l'armée. A Bogota, le syndicat des mineurs, mené par son président Francisco Ramirez, accuse donc Glencore, de corruption et de violation graves des droits de l'homme. L'autre affaire qui défraye la chronique, c'est le cas du peuple indien Wayùu qui a été chassé des terres qu'il occupait depuis la nuit des temps par les paramilitaires colombiens. Un massacre dans lequel une unité de l'armée est elle-même impliquée, une unité habituellement « employée » par la mine pour surveiller ses installations...
http://www.tsr.ch/tsr/index.html?siteSect=370501&sid=6802947

Glencore - Abacha (Washington Post)

According to official announcements of oil sales and reporting by the London-based oil newsletter Energy Compass, Nigeria's main trading partners in the Abacha era have been the London-based firms Arcadia and Addax, and the Swiss-based company Glencore, which was under the control of Marc Rich, an American commodities dealer.

Read more : http://www.washingtonpost.com/wp-srv/inatl/longterm/nigeria/stories/corrupt060998.htm